Il s’agit de la conclusion de la démarche entamée le 10 juillet dernier, alors que l’entreprise avait été placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC). Restructuration Deloitte inc. avait été nommé à titre de contrôleur de Taiga pendant les procédures.
Les détails de la transaction sont demeurés confidentiels. Toutefois, Stewart Wilkinson assumera la dette de 4,4 millions que Taiga a contractée auprès d’Exportation et développement Canada (EDC). Ce prêt a servi de financement provisoire pour Taiga dans les procédures en vertu de la LACC.
À la sortie de l’audience de jeudi, Samuel Bruneau, cofondateur de Taiga, était plus que confiant. «Le juge avait dit qu’il allait approuver les documents et qu’il allait les signer», a-t-il dit dans un entretien téléphonique avec Le Soleil.
Les investisseurs bredouilles
L’acheteur a aussi pris l’engagement d’avancer un fonds de roulement pour le plan d’affaires de Taiga. Par contre, l’apport financier de 18,3 millions d’Investissement Québec, convertible en équité, ainsi que les mises de fonds des investisseurs faites au fil des années ne seront pas garantis.
«Malheureusement, les conditions de l’offre de Stewart, c’est qu’il assumait seulement la dette d’EDC», explique Samuel Bruneau. «De ce fait, les autres investisseurs vont perdre leurs actions dans la nouvelle entreprise qui sera restructurée.»
Il ajoute que, tel qu’expliqué en Cour par Deloitte, c’est l’issue d’un processus de restructuration où plus de 250 investisseurs potentiels ont été approchés. La firme Deloitte avait été impliquée bien avant dans le processus de restructuration avant de mettre Taiga sous la protection de la LACC.
«On avait tout essayé en premier lieu. C’est pour cela qu’on avait fait de multiples mises à pied afin de rendre Taiga plus attrayante dans un processus d’investissement extérieur…» affirme le cofondateur.
«C’est sûr qu’un bilan de compagnie en restructuration est beaucoup plus attrayant pour des investisseurs comme Stewart qui ont des moyens financiers importants et des ambitions en électrification, mais qui n’auraient pas les moyens d’acheter une compagnie cotée à la Bourse avec toute la grosse structure financière et les frais qui viennent avec.»
— Samuel Bruneau, cofondateur de Taiga
À court terme, la nouvelle compagnie sera privée et il n’est pas question de retourner en Bourse, selon M. Bruneau. «L’essentiel, c’est qu’on puisse amener la compagnie à la profitabilité et qu’elle soit durable dans ses opérations.»
Rappel d’employés
Samuel Bruneau ne cache pas que les différents employés mis à pied seront rappelés. Mais il demeure prudent dans ses explications. Le 2 avril 2024, Taiga avait mis à pied 70 personnes.
«Le plan, c’est de rappeler nos employés nécessaires à la relance des opérations. C’est certain que d’excellents ex-employés de Taiga se sont trouvé un autre emploi rapidement. Il y en a d’autres qui ont attendu pour revenir dans la compagnie», lance-t-il.
«On a un plan d’affaires qui va prendre quelques mois pour redémarrer de façon stratégique les opérations chez Taiga de manière efficace. Donc, les employés seront rappelés en différentes phases avec la croissance de la prochaine année», avance M. Bruneau.
Les activités restent au Québec
Selon le cofondateur, le plan de reprise de Taiga implique que les principales activités de l’entreprise demeurent au Québec.
«C’est ce qui est extrêmement positif. Et Deloitte ainsi qu’EDC en ont témoigné à laCour. Le gros point positif de la transaction, ça permet de conserver les opérations actuelles de Taiga ici au Québec pour la fabrication des motoneiges et des motomarines, ainsi que l’ingénierie. Et aussi d’avoir le potentiel de croissance en fournissant du matériel de propulsion aux autres manufacturiers [de Stewart Wilkinson]», conclut Samuel Bruneau.
Qui est Stewart Wilkinson?
L’homme d’affaires britannique a fondé les firmes Evoy et Vita, spécialisées dans la technologie marine et la conception de systèmes de propulsion électrique haute performance. Ces mêmes entreprises fabriquent des solutions de recharge rapide pour les applications marines, commerciales et récréatives.
Vita a notamment fourni les bateaux électriques pour les Jeux olympiques de Paris 2024.
«Nous sommes ravis de soutenir l'évolution de Taiga», a déclaré l’acquéreur Stewart Wilkinson par voie de communiqué. «Sam et son équipe ont créé d’excellents produits et technologies dans un climat financier difficile. Le monde a besoin de toute urgence de solutions à faibles émissions de carbone pour toutes les formes de mobilité.»
Il ajoute que «cette transaction permettra de continuer à bâtir la meilleure technologie, la meilleure équipe et les meilleurs produits pour propulser l’industrie vers l’avant».