Le constructeur de motoneiges et de motomarines électriques Taiga aura une deuxième vie en passant sous des intérêts étrangers, a pu confirmer LaPresse. Insolvable, la jeune pousse québécoise devrait faire perdre près de 20millions au bras investisseur de l’État québécois.
C’est l’entrepreneur Stewart Wilkinson, fondateur et investisseur principal de Vita Power, qui deviendra le nouveau propriétaire du constructeur québécois. Son entreprise se spécialise dans la conception et l’intégration de groupes motopropulseurs électriques pour des bateaux de plaisance ou à usage commercial.
«Un prêt de l’actionnaire sera également avancé par l’acquéreur au groupe restructuré après la clôture de la transaction proposée afin de financer son fonds de roulement», souligne une récente requête présentée à la Cour supérieure du Québec que LaPresse a pu consulter.
Cela suggère que M.Wilkinson a l’intention de redémarrer les activités de Taiga, qui exploitait une usine de fabrication dans l’arrondissement montréalais de LaSalle lorsqu’il s’est tourné vers la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), en juillet dernier.
On ignore l’ampleur de l’argent qui sera réinjecté dans l’entreprise insolvable ainsi que le prix payé par son repreneur potentiel. Lorsque Taiga s’est placé à l’abri de ses créanciers, sa valeur boursière était inférieure à 10millions. Tous les actionnaires de l’entreprise vont perdre leur mise dans cette affaire.
Les détails de la transaction seront présentés à la Cour supérieure– qui supervise le processus en cours– par le contrôleur Deloitte, qui pilote le processus pour dénicher un repreneur.
De l’intérêt
Selon la requête présentée au tribunal, Deloitte avait reçu cinq expressions d’intérêt. La proposition de M.Wilkinson a été retenue le 25septembre dernier. Pour l’instant, la vingtaine d’employés de Taiga, dont les hauts dirigeants de l’entreprise, devraient demeurer à bord.
Lundi, il n’avait pas été possible de s’entretenir avec M.Wilkinson.
Selon sa page LinkedIn, Vita Power, fondée en 2017, compte moins de 50employés et son siège social se trouve à Southampton, en Angleterre. Il s’agit donc d’une jeune entreprise. En juillet dernier, Vita Power annonçait qu’elle joignait ses forces à celles d’Envoy, un constructeur de moteurs électriques pour bateaux.
La transaction sur la table permet à Exportation et développement Canada (EDC), le principal créancier garanti de Taiga, de sauver les meubles. Cette agence fédérale de crédit à l’exportation avait prêté 20millions à l’entreprise avant de lui avancer un financement intérimaire de 4,4millions alors qu’elle était insolvable. Ses prêts seront assumés par l’acquéreur.
Chez Investissement Québec (IQ), il faut se préparer à essuyer des pertes. Le bras financier de l’État québécois était venu à la rescousse de Taiga au printemps2023 en lui offrant 18,3millions sous forme de débentures convertibles. «Aucune distribution ne devrait être effectuée ou payée […] aux créanciers non garantis», souligne la requête.
Malgré la tournure des évènements, la directrice principale, médias et affaires gouvernementales d’IQ, Isabelle Fontaine, a souligné que la proposition de M.Wilkinson s’avérait la plus porteuse pour une relance de la compagnie.
«L’investisseur s’est engagé à conserver les activités courantes de Taiga au Québec et compte s’efforcer de maximiser les synergies entre la technologie du groupe motopropulseur de Taiga et celle de [son groupe], a-t-elle écrit, dans un courriel.
Toujours dans le rouge
Taiga, qui n’a jamais été rentable depuis sa fondation, en 2015, traînait des créances de 93millions au moment de déposer le bilan.
Après des débuts prometteurs à la Bourse de Toronto, où l’action se négociait à un peu plus de 13$, le titre de Taiga a constamment perdu des plumes alors que la jeune pousse éprouvait notamment des problèmes à accroître sa cadence de production et à trouver de nouvelles sources de financement.
Considérée comme l’une des étoiles montantes de l’électrification avant ses déboires financiers, Taiga a choisi de se protéger de ses créanciers, le 10juillet dernier, après avoir multiplié les avertissements sur l’incertitude entourant son avenir en raison de son incapacité à se financer pour renflouer ses coffres.
La production était à l’arrêt depuis avril dernier dans les usines de Taiga situées dans l’arrondissement montréalais de LaSalle. Elle comptait plus de 300salariés l’automne dernier. Cela signifie qu’il y a eu quelque 280licenciements dans les mois qui ont précédé la déconfiture.
L’histoire jusqu’ici
- Février: Taiga effectue une trentaine de licenciements.
- 2avril: L’entreprise signale qu’elle lutte pour sa survie. Elle effectue des mises à pied et interrompt temporairement sa production.
- 10juillet: Taiga se place à l’abri de ses créanciers.
- 15juillet: Le contrôleur, Deloitte, commence à solliciter des acheteurs potentiels.
- 25septembre: L’offre du repreneur pressenti, Stewart Wilkinson, est retenue.
En savoir plus
-
- 2021
- Année où Taiga est arrivée à la Bourse de Toronto
Source: taiga
- 2015
- Fondation de l’entreprise
Source: taiga